Notices bibliographiques

Accueillir la mort

Elisabeth KUBLER-ROSS, 1974

Rocher, 1998

178 p. 98 F

Cet inédit en France, traduit et publié en français vingt-quatre ans après sa publication aux Etats-Unis, n’a pas perdu une ride. Il est même d’une actualité brûlante. Elisabeth Khüber-Ross est l’une des fondatrices du mouvement des soins palliatifs et plus exactement de l’accompagnement psychologique et spirituel des mourants et de leur entourage (famille, personnel hospitalier, aumôniers, etc). On lui doit la théorie des «cinq phases du mourir» (déni, indignation, marchandage, dépression, acceptation/résignation), largement admise aujourd’hui. Au cours des nombreuses sessions de formation et conférences qu’elle a données sur ce sujet, aussi bien au personel médical qu’à des familles ou toutes autres personnes, elle a rassemblé des questions récurentes qu’elle a ordonnées et auxquelles elle répond dans Accueillir la mort. Pour ne pas alourdir l’ouvrage, l’auteur a choisi de laisser de côté trois grands aspects : la question religieuse, le deuil, et la perte d’un enfant. Les réponses portent donc sur l’accompagnement du mourant adulte, l’information qui lui est dûe et les manières de communiquer avec lui, verbalement lorsque cela est possible ou non-verbalement, la manière d’aborder les demandes de suicides, d’aider les proches après une mort subite, d’aborder les demandes de mourir au domicile, les besoins d’aide psychologique de la famille et de l’équipe soignante, les problèmes spécifiques de la vieillesse prolongée. Quelques pages en fin d’ouvrage sont consacrées tout de même aux rapports du mourant avec la foi.
Quoiqu’elle s’appuie sur une psychologie fine née d’une grande expérience, l’auteur situe ses réponses au niveau du bon-sens et de la compassion, et non de la théorie. Le langage est accessible à tous (et la traduction française de grande qualité), et la forme question-réponse en fait plus un guide pratique pour l’accompagnant potentiel qu’un exposé magistral. L’auteur exprime clairement mais humainement son refus de l’euthanasie comme de l’acharnement thérapeutique. Sa parole sur ce point est crédible, par ce qu’elle émane d’une femme ayant accompagné plusieurs centaines de mourants. Mais c’est bel et bien comme guide pratique que l’ouvrage interessera toute personne qui a accompagné un proche ou un patient dans la vieillesse et la mort, qui est actuellement dans cette situation, qui est appelée à s’y trouver tôt ou tard ou qui s’interroge sur sa propre mort.
Autant dire qu’il interessera chacun. Nous le recommandons vivement à nos lecteurs.

Précédente - Fiche 366 - Suivante