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#46 2002-04-16

Suisse : les évêques rappellent leur rejet catégorique de l'avortement

L'embryon humain a un droit à la vie. Au nom de ce principe fondamental, la Conférence des évêques suisse rappelle son opposition catégorique au régime du délai en matière d'avortement. Elle recommande refuser cet objet soumis au peuple le 2 juin.

Les évêques ne donnent en revanche aucune consigne de vote sur l'initiative "pour la mère et l'enfant", sur laquelle le souverain se prononcera à la même date, ont-ils précisé devant la presse. Ce texte interdit quasiment toute interruption volontaire de grossesse.

Le droit à l'enfant à naître est certes protégé avec une rigueur totale, a reconnu Amédée Grab, évêque de Coire et président de la CES, la Conférence des évêques suisses, "mais nous ne soutenons pas cette initiative, qui est une affaire de conscience".

Il est plus important de réduire le plus possible le nombre des interruptions de grossesse que de régler pénalement cette question. "Mais ce ne sera possible que lorsque la Suisse disposera d'une politique familiale qui mérite vraiment son nom", a relevé Rose-Marie Umbricht-Maurer, co-présidente de la Commission "Femmes dans l'Eglise" de la CES.

Il faut considérer l'embryon comme un être qui possède déjà toute sa dignité, a plaidé Kurt Koch, évêque de Bâle, citant une des neuf thèses publiées dans une brochure de la commission théologique de la CES. Un avortement volontaire est donc rejeté par la théologie morale catholique comme l'homicide direct et voulu d'un innocent.

Pour les évêques suisses, la protection de la vie, mentionnée dans la constitution fédérale, est une des premières tâches de l'Eglise et de l'Etat.

On ne peut déléguer la protection de cette vie à la seule responsabilité des femmes concernées ou du médecin, sans proposer d'aide suffisante aux femmes dans leur détresse.

(16.04.2002 14:41, SDA-ATS)

Texte intégral de la Conférence des Evêques Suisse :

Déclaration de la Conférence des évêques suisses sur l´interruption volontaire de grossesse

Le peuple suisse sera appelé à voter le 2 juin prochain sur un référendum (régime des délais) et une initiative (Pour la Mère et l´Enfant) concernant tous deux l´interruption volontaire de grossesse. Dans leur souci de protection de la vie humaine, les évêques suisses prennent position comme suit :

1.La vie humaine, créée par Dieu et sanctifiée par Jésus-Christ, possède une dignité incomparable et intangible. Cette dignité est universellement reconnue aujourd´hui comme un droit à la vie, tel qu´on peut aussi le lire dans la Constitution fédérale (cf. art. 7 et 10,1). Une des premières tâches de l´Eglise et de l´Etat est de protéger cette vie dans toutes ses phases, y compris la vie handicapée ou encore la vie humaine à naître. Dans son patrimoine héréditaire, comme nous le savons aujourd´hui, la personnalité est déjà présente. Toute interruption volontaire de grossesse implique donc la mort d´un être humain ; elle n´est par conséquent pas admissible éthiquement, quelle que soit la législation en vigueur.


2.Le régime des délais proposé au vote - c´est-à-dire la dépénalisation de l´interruption volontaire de grossesse durant les douze premières semaines (art. 119,2) ainsi que l´extension de la solution de l´indication contenue dans l´art. 119,1 - est tout simplement inacceptable pour les évêques suisses. Dans ces nouveaux articles, l´Etat ne prend plus suffisamment au sérieux son rôle de protection de la vie humaine à naître, de la vie sans défense, et délègue largement la protection de cette vie à la seule responsabilité des femmes concernées, ou du médecin traitant, sans proposer d´aide suffisante aux femmes dans leur détresse.


3.Les évêques sont conscients que le problème de la protection de la vie ne peut être résolu uniquement par le biais du droit pénal. En vue d´une meilleure solution à la problématique de l´interruption volontaire de grossesse, il convient en premier lieu de promouvoir un ensemble de mesures légales d´accompagnement en faveur des femmes concernées et de la protection de la famille : assurance maternité, congé maternité, allocation pour enfants, crèches, réduction des primes de l´assurance-maladie, allègements fiscaux, etc. Il convient également de promouvoir un système de consultation pour les femmes enceintes, capable de proposer une aide concrète avec le soutien de l´Etat. C´est seulement dans le cas d´un tel ensemble de mesures, grâce auquel l´Etat remplirait son devoir de protection, qu´une modification de la loi semblera moins problématique aux yeux des évêques.


La CES a déjà développé ses propres convictions en neuf thèses sur l´interruption volontaire de grossesse, disponibles sur Internet (http://www.kath.ch/sbk-ces-cvs/text_detail.php?nemeid=6890&sprache=f) et sous forme de brochure (Neuf thèses à propos de l´interruption de grossesse). Ces thèses rappellent la problématique complexe, les questions éthiques et les implications socio-politiques dont il faut tenir compte à propos de l´interruption de grossesse.


4.A la lumière de ces considérations, les évêques estiment aussi que l´initiative pour la Mère et l´Enfant contient des éléments positifs, à savoir la protection de la vie humaine à naître. Sur le fond, ils expriment leur accord sur le texte de l´initiative. Elle est toutefois insuffisante aux yeux des évêques, dans le sens qu´elle ne pourrait pas être appliquée sans que les autorités ne mettent en place auparavant des mesures d´accompagnement dignes de ce nom, qui démontreraient une volonté politique claire, en cas de non au régime des délais, de rendre viable une interdiction légale de l´avortement dans une société complexe et pluraliste. La CES ne donne donc aucune consigne de vote par rapport à l´initiative.

En vue de la campagne qui s´annonce, nous exhortons les croyants et l´ensemble de la population suisse à s´engager activement pour une meilleure protection de la mère et de l´enfant, sur la base de ces considérations et de leur conscience en tant qu´hommes et en tant que chrétiens.

Texte de l'évêque de Sion :

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