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#44 2002-03-07 - ANNEXES II

Avortement : Irlande : les irlandais rejettent le texte boiteux du gouvernement

ANNEXES

Editorial de TransVIE-mag n° 135, avril 2002

Irlande : le mouvement pro-vie s'affranchit de l'épsicopat

Les conséquences du rejet du referendum irlandais du 6 mars au sujet de l'avortement n'ont pas fini d'alimenter les chroniques judiciaires et littéraires.

Nous voulons quant à nous mettre en lumière aujourd'hui la remarquable preuve de maturité et d'indépendance du mouvement pro-vie irlandais vis à vis de l'épiscopat irlandais qui, dans cette affaire, s'est montré, très objectivement, d'une parfaite stupidité.

Résumons tout d'abord la situation.

Au XIXe siècle, comme touzs les pays d'Europe, l'Irlande se dote d'une loi répirmant l'avortement.

A l'issue d'un référendum datant de 1983, les irlandais font même inscrire le droit à la vie dans la constitution même de leur pays.

En 1992, la cour suprême, statuant sur le cas d'une mineure enceinte, décidait que la menace de suicide constituait un risque suffisant pour la vie de la mère pour justifier un avortement.

La menace de suicide étant d'une facilité déconcertante, cette décision revient pratiquement à légaliser l'avortement sur simple demande, ce qui amène les mouvements pro-vie à réclamer un nouveau référendum permettant de supprimer cette interprétation fantaisiste de la Constitution.

Après maints alternoyements, le Gouvernement de M. Ahern s'y résoud finalement et annonce en 2001 la tenue d'un réferendum en 2002.

Le texte proposé est alors d'une intelligence machiavélique, car il permet au lobby pro-avortement de gagner dans les deux cas.

En effet, le texte semble interdire l'interprétation du suicide (mais en ouvrant la voie à d'autres interprétations tout aussi spécieuses - nous ne détaillerons pas ce point juridique ici, les anglophones en trouveront une bonne description sur ce site dans le texte de l'association pro-vie "La mère et l'enfant") mais redéfini l'avortement comme la destruction de l'embryon APRES L'IMPLANTATION.

En d'autres termes :

- en cas de succès du "oui", le lobby pro-avortement obtient la légalisation de l'avortement jusqu'à l'implantation, et place le jeune embryon dans un vide juridique ouvrant la voie à la pilule du lendemain, au stérilet, à toutes les méthodes abortives précoces, et à l'utilisation d'embryons pour la recherche. Et ceci sans rien concéder, en fait, sur les avortements tardifs

- en cas de "non" - et ce fut donc le cas - le lobby pro-avortement obtient le status quo, c'est à dire la continuation de la jurisprudence de 1992 autorisant l'avortement en cas de menace de suicide, et autorisant la propagande pro-avortement et le tourisme abortif à l'étranger.

Enfin, pour comprendre pleinement les enjeux, il faut conserver à l'esprit que la société irlandaise reste majoritairement opposée à l'avortement. Et que, par conséquent, une véritable amélioration du statut de l'enfant à naître, une législation pro-vie, aurait tout à fait pu sortir des urnes si un referendum correct avait été soumis au peuple. En d'autres termes, le STATUS QUO EST LE MEILLEUR SCORE POSSIBLE POUR LE LOBBY PRO-AVORTEMENT.

La conséquence logique et implacable de ces faits est que, à défaut d'une referendum offrant une aternative réellement pro-vie, la seule solution possible pour le camp pro-vie aurait été de FAIRE DERAILLER le referendum. Très concrètement, il aurait fallu que les conditions soient réunies pour que le referendum soit rejeté à 90 %, ce qui aurait envoyé au gouvernement un message clair selon lequel le texte proposé était inacceptable et qu'un nouveau texte, clair cette fois, doit être soumis au peuple.

Maleureusement, c'est ici que l'épiscopat catholique entre en scène, et commet un erreure irréparable en appelant à voter "oui" alors que mouvements pro-avortement et mouvements pro-vie (à quelques exceptions près) à appelent à voter "non" !

Décontenancé, l'électorat s'abstient massivement (57 % d'abstention) et rend un vote mitigé à 50,4 % contre 49,6 %. Et autorise les médias du monde entier à interpréter à leur guise le résultat, c'est-à-dire dans le cas présent à souligner "le rejet d'un durcissement" tandis qu'en cas de réulstat inverse, nous aurions eu droit "à l'acceptation de la pilule du lendemain", bien sûr.

Nous ne saurions trop insister sur le piège que constituait ce référendum, où le lobby pro-avortement ne pouvait être que gagnant SAUF si l'épiscopat, en appelant à voter "non", avait fait dérailler le référendum. Appeler à voter "oui" signifiait pour l'épiscopat accepter de se laisser piéger, et cette erreur est incompréhensible.

Quoiqu'il en soit, et là nous voulons venir, le refus final constaté signifie donc une émancipation étonnante du mouvement pro-vie vis-à-vis de l'épiscopat, car le rejet du texte n'aurait pas été possible si le mouvement pro-vie ne s'était opposé avec force à l'épiscopat.

On doit s'attendre dans les mois à venir à une profonde mutation du mouvement pro-vie irlandais, qui aura été profondément déchiré par ce référendum - encore un effet "gagnant-gagnant" en faveur du lobby pro-avortement. Mais le succès du "non" permet de penser que le mouvement pro-vie irlandais est désormais assez mature pour affronter cette difficulté.

Jérôme Lejeune, attaqué sur son catholicisme, répondait que le jour où, Dieu voulant, l'Eglise catholique cesserait de proclamer le caractère sacré de la vie naissante, il cesserait d'être catholique plutôt que d'être pro-vie, signifiant par là qu'il ne basait pas son combat pro-vie sur son catholicisme mais sur l'évidence des faits scientifiques.

Dieu voulant, l'épiscopat irlandais, dans un moment d'aveuglement incompréhensible et que nous espérons passager, à abandonné l'embryon à ses premiers stades, mais le mouvement pro-vie est resté ferme. Nous devons l'en féliciter.


François PASCAL

Nota : le texte de l'épiscopat au sujet du référendum précise la pensée des évêques irlandais au sujet du texte. Les évêques, après avoir manifesté leur soutien au referendum, notent que "même si le referendum est accepté, des problèmes importants demeureront que le législateur devra résoudre. (...) En particulier, nous avons des soucis quant à la protection légale claire et adéquate qui devra être offerte à l'enfant avant l'implantation".

Ceci prouve que l'épiscopat a pertinemment vu que le texte proposé affaiblissait la protection de l'embryon à se spremiers jours de développement, mais que, sciemment, :

- il a privilégié la protection des embryons les plus âgés au détriment des embryons les plus jeunes, ce qui est à la fois une faute logique et morale grave et une stratégie qui s'est partout révélée innefficace, les lois sur l'avortement étant en tous pays nées de lois légalisant d'abord les abortifs précoces (stérilets et autres pilules dites "contraceptives" mais dont les effets sont également abortifs).

- il a tenté un jeu politique naïf en pensant qu'il pouvait concéder aujourd'hui pour mieux reprendre demain. Comme chacun sait partout ailleurs en Europe, le monde politique irlandais se serait bien évidemment empressé d'engranger la concession faite par l'épiscopat sans dire merci et sans rançon, laissant penaud l'idiot utile...

Afin de permettre à nos lecteurs de se faire une idée par eux-même du raisonnement qui aboutit au soutien du referendum par l'épiscopat irlandais, le texte intégral de l'épiscopat, en langue anglaise, est disponible sur le site www.transvie.com, rubrique "Actualités".

Autres documents

- Texte complet du projet de loi (Acrobat pdf - 345 ko)

- Livret distribué par le gouvernement (Acrobat pdf - 86 ko)

- Textes de l'épiscopat appelant à voter "oui" et texte de l'association pro-vie "Mother and Child Campaign" appelant à voter non (html - 36 ko)

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