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#44 2002-03-07

Avortement : Irlande : les irlandais rejettent le texte boiteux du gouvernement

Le 2002-03-06, par 50,42 % des voix, les irlandais ont rejeté le referendum boiteux du gouvernement au sujet de l'avortement, avec un abstentionisme de 57 %.

Les organisations pro-avortement et une partie des organisations pro-vie, soutenues par les organisations pro-vie internationales, appellaient à voter "non", tandis qu'une autre partie des organisations pro-vie, le gouvernement et l'épsicopat appelaient à voter "oui".

En théorie, le referendum visait à clarifier la situation confuse in troduite dans le droit irlandais au sujet de l'avortement par la décision de la Cour suprême de 1992. Dans la pratique, l'amendement n° 25 proposé à la Constitution aurait introduit une distinction entre les avortements pratiqués avant l'implantation, libéralisés, et les avortements pratiqués après l'implantation, interdits sauf en cas de "risques substantiels et réels pour la vie de la mère", une formulation sufiisament vague pour ouvrir, à elle seule, des risques de libéralisation judiciaires supérieurs au cas de manaces de suicides de la mère explicitement exclus.

Au sujet des avortements pré-implantation, le texte du réferendum spécifiait explicitement que le texte assurerait la légalité du stérilet et de la pilule "du lendemain".

Enfin, les dispositions de 1992 légalisant la propagande pro-avortement sur le sol irlandais et l'organisation du "tourisme abortif" à l'étranger étaient consolidées par ce nouveau referendum.

Cette ensemble de raisons avaient emmené la plupart des organisations pro-vie à appeler les irlandais à voter "non", tandis que l'épsicopat, leurré par l'espoir de mettre un terme aux avortements "pour menaces de suicide", était tombé dans le piège gouvernemental.

Le rejet du référendum signifie un status quo juridique en matière d'avortement, avec un maintien de la situation issue de la décision de la Cour suprême de 1992.

Les mouvements pro-vie ont limité la casse en obtenant le rejet de l'amendement, et ont immédiatement manifesté leur satisfaction du rejet ; les mouvements pro-avortement et le gouvernement sortent toutefois gagnant de l'affaire. En effet, la rédaction de l'amendement était telle que le lobby pro-avortement ne pouvait sortir que gagnant du jeu, dans le contexte d'une société irlandaise massivement pro-vie :

- soit l'amendement était adopté et l'avortement pleinement légalisé jusqu'à l'implantation ;

- soit l'avortement était rejeté (ce qui fut donc le cas), l'avortement continuant d'être accessible sur simple menace de suicide.

Texte complet du referendum, tel que disponible sur les bulletins de vote était le suivant :

A / Traduction française (par TransVIE-mag)

"Approuvez-vous la proposition d'amender la Constitution de la manière prévue dans le projet de loi ci-dessous ?

Projet de loi portant amendement de la Constitution (Protection de la vie humaine durant la grossesse.

Le referendum propose d'ajouter deux nouvelles sous-sections à l'article 40.3.3 de la Constitution. Il reconnaît l'égalité des droits à la vie de la mère et de l'enfant non-né.

Un nouvel article 40.3.4 stipule : "En particulier, la vie de l'enfant non-né dans l'utérus est protégé en accord avec les dispositions de la loi sur la Protection de la vie humaine durant la grossesse, 2002".

Un nouvel article 40.3.5 stipule que cette loi ne peut être modifiée sans approbation par le peuple par un nouveau referendum.

Les principales dispositions de la loi sur la Protection de la vie humaine durant la grossesse sont les suivantes :

La menace de suicide, telle qu'elle figure dans la décision X [de la Cour suprême de 1992], est supprimé de la liste des indications autorisant l'avortement ;

L'avortement est défini comme la destruction intentionnelle par quelque moyen que ce soit de la vie humaine avant la naissance, après son implantation dans l'utérus (cette définition implique que le stérilet et la plilule du lendemain bénéficieront d'une protection légale) ;

Un acte [avortement] pratiqué par un médecin en exercice en un lieu agréé - à fixer par le Ministère de la santé par voie de réglement à l'issue du référendum - pour prévenir un risque réel et substantiel de perdre la vie de la mère, sautre que par auto-destruction [= suicide], ne sera pas considéré comme un avortement [punissable].

Toute personne aidant ou procurant un avortement sera punissable d'une peine allant jusqu'à 12 ans d'emprisonnement.

Le droit à l'information et à la liberté pour voyager [à l'étranger] pour un avortement sont réaffirmés."

B/ Texte anglais

"Do you approve of the proposal to amend the Constitution as set out in the undermentioned Bill?

Twenty-fifth Amendment of the Constitution (Protection of Human Life in Pregnancy) Bill.

The referendum proposes to add two new sub-sections to Article 40.3.3 of the Constitution. It acknowledges the equal right to life of the mother and the unborn.

A new Article 40.3.4 states: "In particular, the life of the unborn in the womb shall be protected in accordance with the provisions of the Protection of Human Life in Pregnancy Act, 2002."

A new Article 40.3.5 proposes that this Act cannot be changed unless it is approved by the people in a new referendum.

The main provisions of the Protection of Human Life in Pregnancy Bill are:

The threat of suicide, based on the X case, will be removed as a ground for abortion;

Abortion will be defined as the intentional destruction by any means of unborn human life after implantation in the womb. (This definition presumes that the IUD and the morning-after pill will have legal protection);

A procedure carried out by a medical practitioner at an approved place - to be laid down by the Minister by regulation after the referendum - to prevent a real and substantial risk of the loss of a woman's life, other than by self-destruction, will not be regarded as an abortion;

Anyone aiding or procuring an abortion will be liable for up to 12 years' imprisonment.

The right to information and freedom to travel for an abortion are restated in the Bill."

Autres documents

- Texte complet du projet de loi (Acrobat pdf - 345 ko)

- Livret distribué par le gouvernement (Acrobat pdf - 86 ko)

- Textes de l'épiscopat appelant à voter "oui" et texte de l'association pro-vie "Mother and Child Campaign" appelant à voter non (html - 36 ko)

- Editorial de TransVIE-mag n° 135, avril 2002

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