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Essai sur le principe de population, en tant qu’il influe sur le progrès futur de la société, avec des remarques sur les théories de Mr. Godwin , de M. Condorcet et d’autres auteurs

Thomas Robert Malthus, 1798. Traduction Eric Vilquin, Ed. INED, 1980, 1798

INED
166 p.

On connaît le pasteur Malthus par le nom qu’il a laissé à sa doctrine, qui se résume en deux postulats très simples :
- la population s’accroît toujours plus vite que les ressources
- l’assistance aux pauvres est inutile, voir cause d’appauvrissement croissant.
Non pas que Malthus ait inventé le «malthusianisme». Platon pensait déjà que la Grèce ne pourrait nourrir plus de 50 000 habitants.
Mais Malthus a su, plus qu’un autre, et dans un siècle réceptif, habiller cet idéologie d’un vernis scientifique qui, aujourd’hui encore, berne une part importante de nos contemporains.
Essai sur le principe de la population, écrit en 1798, a été refondu dans une seconde édition, parue en 1803. Seule cette seconde édition, avec son fameux «apologue du banquet» («Tout homme qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille ne peut pas le nourrir, ou si la société n’a pas besoin de son travail, n’a pas le moindre droit à réclamer une portion quelconque de nourriture, et il est réellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a point de couvert mis pour lui. La nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre elle-même cet ordre à exécution»), avait été traduite en français, jusqu’à ce que la Société de Démographie Historique de Paris se penche sur la première édition, plus courte, plus polémique, plus «vert».
Tout est là des grandes peurs et rengaines sempiternelles face à la croissance de la population :
- émigrations massives (p. 36-40)
- appauvrissement et vices croissants (p. 47)
- l’argent donné aux pauvres est dépensé en pure perte (à plusieurs reprises)
- l’ennemi, c’est le pauvre (p. 52)
- la politique familiale est une erreur (p. 69)
- l’instinct l’emporte sur l’intelligence (p. 116)
On trouve même sous la plume de Malthus les fondements de la politique de suppression eugéniste pratiquée par l’Allemagne nazie sur ses impotents :
«La quantité de subsistances consommées dans les asiles, par une fraction de la société qu’on ne peut considérer en général comme la fraction la plus estimable, réduit la part qui, autrement, reviendrait aux éléments plus actifs et plus respectables».
Il est clair que les explications simplistes de l’auteur n’auraient jamais dû passer à la postérité, si elles ne caressaient les esprits paresseux dans le sens du poil puisque le malheur vient de l’autre, des autres (trop nombreux, ici). Il est plus facile pour un homme de reporter sur une mythique surpopulation les problèmes qui l’assaillent, que de se remettre soi-même en question ! Il est fort à parier que sous cet angle, le malthusianisme soit difficile à extirper du coeur de l’homme.
On prend presque plaisir à lire, avec deux cents ans de recul, un texte complètement marqué par l’esprit des Lumières, où les sauvages sont naturellement «bons» (n’est-ce pas M. Rousseau ?), où les arguments scientifiques triomphent de l’obscurantisme, et où le péché originel n’est que la figure de contingences matérielles, «mal nécessaire» moteur du progrès humain.
Surtout, le malthusianisme apparaît pleinement comme l’idéologie véritablement conservatiste, persuadé que l’homme est parvenu au sommet du progrès, et opposé aux lois sociales.
Et l’on comprend un peu moins l’étonnante situation actuelle, où l’idéologie du pasteur anglican est véhiculée par la tranche de la population qui se prétend «progressiste», «socialiste» et «libérale», et accuse ses opposants de conservatisme !
A moins que l’on ne trouve là un exemple supplémentaire de la remarquable habilité dialectique d’un mouvement de pensée prompt à accuser ses adversaires pour faire oublier sa véritable nature.
A vrai dire, on pourrait fort bien arrêter la lecture de ce livre aux 8 premiers chapitres, où se trouvent condensés les postulats de Malthus. Les 11 chapitres qui suivent n’ont d’intérêt qu’historique.

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