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Ainsi vient la vie

, 1994

Montparnasse Multimédia
400 FF

Il faudra bien s’y faire : le multimédia envahit peu à peu notre vie. Par multimédia, il faut entendre un produit utilisable sur ordinateur et mêlant textes, images fixes, sons (commentaires, musiques) et séquences vidéos.

Ainsi vient la vie, consacré à la vie prénatale, est à ce titre exemplaire. Tout commence par un menu, grâce auquel vous pouvez décider une visite chronologique de la vie prénatale (1er mois, 2° mois, 3° mois, 2° trimestre, 3° trimestre) ou une visite thématique (développement du cerveau, des yeux, des oreilles, des muscles, ...).Une recherche par index est également accessible à tout moment (le produit ne gère pas de liens hyper-texte, pour les connaisseurs). Supposons que vous ayez choisi une visite chronologique. A chaque étape du développement, vous pouvez voir successivement quelques photographies ou échographies intra-utérines (dont certaines sont commentées), écouter un court commentaire, lire un texte centré sur le développement de l’enfant, et un autre centré sur la mère (précautions d’hygiène alimentaire, où accoucher ?, examens prénataux, problèmes Rhésus, calcul de la date probable de la naissance, précautions en voyage, droits et congés de maternité, préparation à l’accouchement, ses signes, ...). Et parfois une petite séquence animée (généralement des échographies, mais parfois aussi des dessins animés techniques expliquant la croissance de tel ou tel organe).

Il va sans dire que l’utilisation d’un tel logiciel demande un ordinateur suffisamment rapide (un PC DX 33 ou un Mac LCIII) muni d’un écran VGA 256 couleurs, 4 ou 8 Mo de RAM. Tout cela ne fonctionnera pas toutefois sans Microsoft Windows, une carte son et un lecteur CD-ROM double-vitesse (puisque le logiciel est écrit sur ce support).

Pour ce qui est du contenu, on ne s’éloigne pas vraiment des guides maternité papier (sinon la présentation multimédia). Se côtoient deux points de vue sur la grossesse : celui de l’enfant (rencontre des gamètes, développement embryonnaire puis développement foetal) et celui de la mère (conseils pour la grossesse). C’est dans ce second point de vue que l’on rencontre malheureusement quelques commentaires regrettables, bien qu’en petit nombre :

- l’IAD (insémination avec donneur externe au couple) est présentée comme normale. Seul le don d’ovocyte «est une éventualité très discutée sur le plan de l’éthique médicale» (sans que l’on sache pourquoi et alors qu’il n’y a pas de différence morale entre le don d’ovocyte et le don de spermatozoïde).

- plus grave, l’amniocentèse est «fortement conseillée après trente-huit ans» sans que l’on explique qu’elle permet alors le dépistage et l’avortement des enfants trisomiques. Un peu plus loin, ce que l’on craignait se confirme : «l’interruption volontaire de grossesse» est suggérée en cas de confirmation d’atteinte par toxoplasmose, «selon la nature et l’importance des malformations du foetus, médecin et parents sont parfois conduits à prendre la décision d’une interruption de grossesse. Et plus la grossesse est avancée, plus leur décision est difficile à prendre» (y aurait-il une différence de nature entre un jeune foetus et un plus âgé ?). Un peu plus loin encore : «[grâce au prélèvement de trophoblaste], il devient possible dès la 11ème semaine de décider une interruption de grossesse par aspiration». Ce qui n’empêche pas les auteurs de signaler dans un autre registre qu»[entre la 17° et la 18° semaine] on constate que le foetus esquive l’aiguille [de l’amniocentèse]». Ils savent donc ce qu’ils font... Rendons-leur toutefois l’honneur d’avoir averti que «de toute façon, mieux vaut n’envisager une amniocentèse que si vous acceptez le principe d’un avortement thérapeutique».

Mais cela n’excuse pas le paragraphe sur les «réductions embryonnaires» : «En cas de grossesse quadruple ou quintuple, le médecin peut être amené à proposer un avortement médical partiel encore appelé «réduction embryonnaire». Cette technique, il faut le savoir, est susceptible de déclencher l’avortement spontané des foetus restants. C’est dire combien cette décision est très lourde à prendre par le médecin et les parents». Faut-il en conclure qu’elle serait aisée à prendre si les foetus restants ne courraient aucun risque de fausse-couche ?

- signe des temps, il n’est jamais question de «mari» mais du «père de l’enfant» ou de «compagnon».

Citons encore : «Malgré la contraception orale, la grossesse reste assez fréquente chez l’adolescente», remarque mettant en évidence le manque de compréhension des auteurs pour la psychologie de l’adolescence. Ou encore une assertion bizarre et incompréhensible : «Très souvent, grâce aux méthodes de contraception, la nouvelle d’une grossesse désirée a été reçue comme une nouvelle libératrice» (la notion de «grossesse désirée», bien connue dans la réthorique pro-avortement, revient d’ailleurs plusieurs fois).

On regrettera aussi quelques maladresses (volontaires ?) telles que le mélange dans le même texte des maladies ordinaires de la grossesse (toxoplasmose, listériase, ...) et des maladies sexuellement transmissibles (MST)). Il est vrai que l’on y conseille aussi l’usage du préservatif à la fin de la grossesse pour éviter ces mêmes MST. La définition du SIDA est celle d’un «virus se transmettant lors des rapports sexuels sans préservatif». C’est tout dire !

Malgré ces remarques dommageables, il faut reconnaître un produit globalement positif, présentant correctement le début de l’être humain à la fécondation et ne poussant jamais directement à l’avortement, mais au contraire rappelant les droits sociaux des personnes enceintes et des parents célibataires. On ne profite pas non plus, comme c’est souvent le cas dans les livres du même genre, de la grossesse, pour pousser les femmes à utiliser une contraception dite «efficace» après la naissance. Enfin, seuls les textes relatifs à la grossesse de la mère comportent des assertions inadmissibles. On peut très bien ne pas les appeler : tout ce qui concerne le développement de l’enfant est excellent et exempt de mauvais commentaires. Ce CD-ROM redevient alors un très beau livre d’images, parlant, chantant et animé.

Conviendrait bien pour animer un stand, s’il ne réclamait un matériel informatique musclé que bien peu de portables offrent.
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